SENEGAL, Terre de la Téranga #2

Article : SENEGAL, Terre de la Téranga #2
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2 février 2013

SENEGAL, Terre de la Téranga #2

Légumes du Thieuboudienne
Poisson et légumes du Thieuboudienne                                                           NathyK ©

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4. Le Thieuboudienne, le Bissap et le café Touba

Dimanche soir, je suis dans un taxi roulant à vive allure. Nous nous dirigeons vers Niary Tally connu aussi sous le nom de Grand Dakar, quartier chaud de la capitale. Le taximan, un jeune-homme de la trentaine, petit, menu, noir, probablement un Toucouleur, sous son air jovial me lâche contre toute attente : « avoir une femme, c’est un problème ».

Jusque-là, je suis prête à lui accorder le bénéfice du doute en me disant que le type est peut être tombé sur « la mauvaise », une ndoss qui lui fait voir les « voirâtres » (entendez une dure-à-cuire). Puis il continue d’un coup : « avoir deux femmes, c’est difficile ». Là, je ne peux qu’acquiescer et avant que je ne finisse ma réflexion, il en vient à sa troisième déclaration : « avoir trois femmes, c’est très bien ». Alors là, je me dis, le gars a certainement perdu la tête.

Toujours sur un ton moqueur, il enchaine : « avoir quatre femmes, c’est ma-gni-fi-que » ! Toute ébahie, je lui demande : « comment ça » ? C’est alors qu’il me sort l’explication du siècle, tellement ça m’a fait rire : « Lundi, tu vas chez la première, elle te donne Thieuboudienne. Le jour suivant, la deuxième t’accueille avec poulet Yassa (sauce d’oignons, moutarde et citrons). Mercredi, ta troisième femme te sert le Mafé (sauce d’arachide). Le quatrième jour, la dernière t’apporte le Thiéré (couscous de mil). Voilà, la vie est belle » !

Puis il continue sur ces termes : « alors que quand tu n’as qu’une seule femme, tous les jours c’est Thieuboudienne, Thieuboudienne. Quand tu rentres à la maison, tu sais d’avance ce qui t’attend. Ça ne va pas ! Il n’y a pas de variété et je ne peux pas supporter ça. J’ai horreur de la monotonie ».

Je compatis avec et lui fais remarquer qu’il pourrait quand même se prendre une femme dynamique qui va changer les plats quotidiennement. Il me dit, déçu d’avance, que ce n’est pas possible car il est difficile de modifier les habitudes des sénégalaises.

Le Thieuboudienne ou riz au poisson est le plat magique du Sénégal. Ce met délicieux est fait de riz rouge (riz à la tomate concentré), de poisson, de légumes (carotte, choux, aubergine, gombos entier, poivron, manioc/patate, etc.), le tout relevé d’épices locales. On le sert généralement dans des grands plateaux ou même des bassines en fonction du nombre de personnes autour de la natte.

Il est vrai que les sénégalais en consomment répétitivement, jour après jour et je ne m’étais jamais rendu compte à quel point certains en étaient même gênés. Une autre m’a dit : « on mange mal au Sénégal parce qu’on ne varie pas assez nos plats. C’est toujours du riz et du riz ».

Est-ce un problème d’habitude ? Est-ce un problème de moyens ? Les denrées sont t’elles rares et chères ? La gastronomie sénégalaise n’est pas assez diversifiée (j’en doute) ? Ce constat concerne t’il la majorité de la population ? Seuls les sénégalais peuvent y répondre de façon adéquate.

Ce qui est sûr, c’est que même si c’était l’homme camerounais, habituellement monogame, mis à la place de ce chauffeur de taxi sénégalais, il aurait bien voulu se prendre quatre femmes pour les mêmes raisons. Les africains en général, ne badinent pas en matière de nourriture : ça doit être en grande quantité, varié et surtout goûteux !

Pour revenir sur mon fameux chauffeur de taxi, lors de ma descente, le brave type me lance tout enjoué : « n’oublie pas de dire à Monsieur d’en ajouter trois autres » ! Et nous nous séparons par un rire aux éclats.

Le jus de Bissap (jus d’oseille) est une boisson sucrée faite à base de fleurs d’hibiscus séchées. Il est généralement servi très frais avec du citron, de la menthe ou de la vanille, mixé au jus de baobab ou carrément nature. C’est tout aussi bon.

Récemment, j’ai appris que les « naturalistas » des cheveux, utilisent aussi les fleurs d’hibiscus en masque, en infusion de rinçage, ou en huile, pour leurs soins capillaires à cause de ses nombreuses propriétés.

Pour nos lecteurs camerounais, le Bissap est en fait notre Foléré national. Au Nord Cameroun, on consomme aussi l’oseille sous forme de sauce à servir avec du couscous de mil ou de mais. Les congolaises, en Afrique du Sud, m’ont fait découvrir de l’oseille (Ngai-ngai) préparée avec de la pâte d’arachide, du poisson fumé et accompagnée de plantains murs, de bâtons de manioc (Chikwangue) ou de Fufu (couscous de manioc).

Le succès de l’oseille ne fait pas que le tour de l’Afrique. Cette plante « passe-partout » s’exporte jusqu’en France ou aux États-Unis grâce aux entrepreneurs tels que Magatte Wade, multimillionnaire sénégalaise, qui fait boire du Bissap bio au américains.

Si le riz est très prisé par les dakarois à midi. C’est le Kossam ou lait caillé qui remporte la palme du repas du soir surtout chez les peuls. Il peut être consommé avec de la semoule de mil réalisant donc l’onctueux Thiakry ou encore Dégué, sous d’autres cieux.

Au Cameroun, cette recette est plus connue sous le nom de Dakéré. Ce dessert importé est très souvent au menu dans les restaurants camerounais, tant il est apprécié par nos consommateurs surtout les jeunes (élèves et étudiants).

Le lait caillé entre aussi dans la préparation du Laar. Plat à base de graines de mil bouillies souvent servi lors des baptêmes. En somme, le Kossam est un ingrédient incontournable au Sénégal.

Du matin au soir, les dakarois ne se lassent pas de boire du thé, parfois du thé à la menthe ou plutôt du café. Le café Touba, café très épicé au poivre de guinée, est souvent préparé au bord des rues et servi dans des petits verres spéciaux remplis à moitié, avec en plus de la mousse flottante, même le Capuccino n’y voit rien, ou simplement dans des gobelets en plastique.

Tellement, les dakarois aiment le café qu’ils n’hésitent pas à traverser la route, café en main, ou à s’agripper à la portière du bus d’une main, et de l’autre main tenir fermement la précieuse boisson toute fumante. Tellement, ils l’aiment que certains ne peuvent plus s’en passer sous peine de déclencher des céphalées mémorables.

Tellement, ils l’aiment que certains y ajoutent du citron. J’étais sceptique sur cette mixture étrange mais après y avoir goûté, je peux vous assurer que c’est très bon. Désormais, je préfère mon café avec du citron ! Eh Oui, les sénégalais m’ont colonisée ! 🙂

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NathyK

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