Le Tandem Dakar-Paris se raconte

Article : Le Tandem Dakar-Paris se raconte
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1 mai 2013

Le Tandem Dakar-Paris se raconte

Tandem Dakar-Paris
Tandem Dakar-Paris 2013                                   Source : Institut Français

Lors de l’enregistrement de l’émission de l’Atelier des Médias qui a eu lieu le 12 du mois d’Avril 2013, j’ai accepté l’invitation à prendre part en tant que blogueuse aux activités du Tandem Dakar-Paris, un espace de partage artistique, culturel et intellectuel.

« Le Tandem Dakar-Paris est un véritable dialogue interculturel qui s’est institué entre les deux capitales… preuve d’une longue et belle amitié, depuis le temps du Président-poète Léopold Sédar Senghor. »

Cette année, les activités seront réparties sur trois mois, du 29 Mars au 28 Juin, dans plusieurs endroits de la presqu’île : de l’Institut Français au Cinéma Christa en passant par la Biscuiterie Médina. Les quartiers de Dakar ne seront pas en reste quand il s’agira d’exposer l’Art Urbain. Mille occasions agréables de découvrir ma ville d’accueil.

Mes copains de Mondoblog et moi-même avons déjà assisté à trois activités et pas des moindres :

  • l’Atelier Mondoblog/RFI qui s’est tenu du 06 au 13 Avril à l’AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) ;
  • le lancement de l’application mobile Ndakaaru couplé avec l’émission de France Inter « l’Afrique enchantée », présentée par les grands Solo Soro et Vladimir Cagnolari, le 09 Avril à la Galerie le Manège ;
  • et enfin l’enregistrement de l’émission de l’Atelier des Médias au théâtre de verdure de l’Institut Français. Cette édition était spéciale « Mondoblog » puisque Ziad Maalouf et son équipe dynamique ont permis   à la « Génération Causante » d’exprimer par leurs propres mots, leur amour du blog et leur désamour du riz 😉

Que dire du bonheur et de l’ouverture que ces activités uniques m’ont procurée ! Rencontrer des personnes aussi intéressantes les unes que les autres, venant des quatre coins du monde, des Caraïbes à Madagascar… échanger tous en tant que citoyens du Monde a été très enrichissant !

Aujourd’hui, je poursuis la ballade du Tandem Dakar-Paris avec mes collègues dakarois.

RAMATA est le titre du film que je suis allée voir le 28 Avril dernier. C’est de prime abord le titre d’un roman, celui d’Abasse Ndione qui a ensuite été adapté et réalisé en 2008 par le cinéaste congolais Léandre-Alain Baker. C’est un drame de 90 minutes, qui met en avant le célèbre mannequin Katoucha Niane de la Guinée Conakry et la chanteuse et comédienne d’origine martiniquaise Viktor Lazlo.

« Ramata, femme d’une beauté envoûtante, la cinquantaine, mariée à un ministre, vit aux Almadies. Ngor Ndong est un petit malfrat de vingt-cinq ans, fort et mystérieux. Un soir, au hasard d’un taxi, ils se rencontrent et Ngor Ndong entraîne Ramata dans les bas-fonds de Dakar. Elle va s’émanciper pour vivre ce qu’elle croit être le grand amour. Hélas, très vite, elle est abandonnée par son jeune amant… »

Qui n’aimerait pas aller voir un film dont le résumé est si provocateur ?

Depuis cinq jours, je fantasmais déjà à l’idée de me retrouver dans une salle de cinéma. J’avoue que ça faisait cinq ans que je n’y avais pas visionnée de production africaine, depuis la fermeture du Cinéma Abbia à Yaoundé.

Moi qui avais été privée de tous ces petits loisirs de jeunesse, ces petites douceurs pimentées que sont le cinéma, les après-midi piscine, les matinées et les kermesses. En 2008, j’étais donc à l’Abbia, à l’avant-première de « Les Confidences », joué principalement par Thierry Ntamack, Patrice Minko’o (alias Koppo) et Clémentine Essono. C’était génial, palpitant, enivrant de voir ces jeunes acteurs africains projetés devant ce grand écran dans cette salle si sombre et en plus en leur présence !

J’avais aussi rattrapé un bout de ma jeunesse en Afrique du Sud, mais tous les films à part Spud étaient des blockbusters. C’est donc avec plaisir que j’attendais de me replonger à nouveau dans la noirceur d’une salle de cinéma pour contempler les visages noirs de mes origines. Plaisir si rare !

C’était décidé ! Dimanche 28 Avril 2013, je verrai RAMATA qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige ! Mais aller voir un film tout seul, n’est pas rigolo. Deux amis, mon fils de 18 mois et moi-même embarquâmes dans le taxi jaune-noir dakarois. Et hop, à 18 h 30 piles, nous étions devant l’Institut Français. Après les formalités de sécurité (fouille), je décidai de m’avancer vers la porte dont l’écriteau affichait « CINÉMA » et puis ce fut la fin de l’aventure. Non, je rigole.

Le gardien me coupa net. Il n’y a pas d’activité aujourd’hui ! Non, c’est pas vrai, j’ai pas halluciné, j’ai pas fantasmé pour rien là, hé ho ! Je ne voulais pas passer pour ridicule devant mes amis. Quoique mon téléphone fonctionnât à 1% de batterie, je pris le risque de le rallumer et de chercher la preuve que je n’avais pas rêvé.

Je consultai donc rapidement l’affiche Tandem Dakar-Paris que j’avais téléchargée quelques jours plus tôt et j’ouvris grand les yeux pour lire ligne par ligne le texte zoomé. Oui RAMATA, c’est bien le 28 Avril 2013 à 18 h 30 mais où ? tic tac tic et voilà, c’est là que je vis le grand cercle jaune dans lequel était frappé « les dimanches grand public au Cinéma Christa ». Comment avais-je pu louper ça ? Qu’importe ! Et hop, nous revoilà dans un autre taxi, cette fois vers la route de l’aéroport. Et oui, pas question d’abandonner RAMATA, quitte à prendre le film au milieu…

Ta ta ta, pa pa ma… Mon fils commence ses vocalises. Il se demande surement ce qu’on fait tous assis dans l’obscurité. Je suis arrivée sur une scène dramatique : un homme trouvé mort, une arme à feu à la main… une femme en choc, surement son épouse … défilements d’images vides de sens. Je voyais tout mais ne saisissais rien.

Katoucha
Katoucha Niane, rôle principal dans Ramata.            Source : sagabardon

Rapidement, nous sommes passés à 25 ans plus tôt. Au moment où je commençais à m’accrocher, nous étions déjà à 15 ans plus tard et je ne comprenais toujours pas grand-chose à part qu’il y avait cette femme-là, RAMATA, qui était très triste, dépressive même car elle avait la mine défaite, le cœur en pleurs et les remords comme seuls compagnons. L’amertume l’habitait. Elle avait deux amies qui essayaient tant bien que mal de prendre soin d’elle, mais rien n’y faisait. C’était presque impossible d’alléger son fardeau et c’est sur cette image de visage affligé et perdu que les écritures ont commencé à défiler et je me suis rendu compte que c’était la fin. Oui la fin des fins. Vous avez compris quelque chose ?

Heureusement que je n’étais pas toute seule. Avec mes amis, nous avons reconstitué un semblant d’histoire, à partir du résumé et de la moitié que nous avons visionnée :

25 ans plus tôt, RAMATA, cette femme puissante, mariée à une personnalité influente, avait écourté, d’un coup de talon, la vie du vigile qui avait refusé de lui ouvrir les portes d’une clinique, parce qu’elle n’avait pas de laissez-passer. Le médecin, un ami, était venu avertir son mari. L’affaire a pu être dissimulée. Des années plus tard, RAMATA décide de connaitre les délices de l’adultère, malheureusement le prix à payer est trop fort. Son amant, ce petit bandit va s’évaporer aussi vite qu’il aura apparu. Elle apprendra ensuite qu’il est le fils de sa victime, le vigile. Son mari dépassé, perdra la vie (apparemment par suicide). Elle sera donc laissée toute sa vie en proie aux tourments, mais trouvera un léger réconfort après avoir rendu visite à la veuve de sa victime.

RAMATA, c’est toute une histoire, une histoire de passion au revers amer.

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