Facebook ou le Kongossa version 2.0

Article : Facebook ou le Kongossa version 2.0
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7 novembre 2012

Facebook ou le Kongossa version 2.0

Facebook
Facebook – capture d’écran.                   NathyK ©

En fin d’après-midi, aux environs de 17 heures, au retour des classes, nous avions l’habitude de faire les 100 pas autour du quartier, question de se relaxer, de digérer, de passer le temps… parlez de tout et de rien, prendre la température ambiante, écouter les dernières rumeurs du « qwatt », discuter des dernières infos politico-culturelles… les nouvelles qui « chauffent » !

Le Kongossa en jargon camerounais signifie « les commérages »… « Ce qui se dit dehors », « ce qu’on a entendu », « ce qu’on a vu » et que l’on répète. Ce sont les « news » ! « Les derniers potins » comme on dit en France.

La plupart du temps, on attribue cette activité à tord ou à raison aux femmes surtout les ménagères. J’imagine que c’est parce qu’elles ont plus de temps à leur disposition et elles sont naturellement exposées aux activités environnantes. Mais aussi loin que mes souvenirs remontent, je dirais que c’est une activité plutôt généralisée dans le milieu de la jeunesse du pays.

Il y a longtemps, le soir en Afrique, dans les villages, on s’asseyait autour du feu et on racontait des histoires, on partageait nos journées, et on prenait les dernières nouvelles de chacun.

Puis vint l’urbanisation, la majorité des villageois migrèrent vers la ville en quête, d’opportunités, de travail et d’une meilleure qualité de vie (du moins financièrement parlant). Cela ne veut pas dire que la vie au village n’est pas belle, au contraire, elle a un charme particulier !

Des jeunes qui comme moi ont joué au pousse-pion (marelle) sur le goudron, n’ont malheureusement pas connu les joies de courir dans les bois, de barboter dans la rivière et de fabriquer les ballons de fortune. Mais de nos aïeux, nous avons gardé l’habitude de nous réunir le soir, sur les ruelles des villes et de partager nos histoires, notre vécu.

En 10 ans, les quartiers se sont vidés car les jeunes sont partis à « l’aventure ». La distance nous a physiquement éloignés mais la technologie s’est chargée de la réduire. Ainsi, on doit Facebook à un certain Mark Zuckerberg, un jeune comme moi, comme nous, qui a eu la brillante idée de créer ce réseau mondial de Kongossa.

Un réseau si vaste et si puissant qu’en quelques secondes et clics, il nous met au courant des dernières actualités, des « news qui chauffent » : photos qui traduisent généralement que la personne est dans une nouvelle ville, des avis de mariage, de naissance, de décès… les pensées du moment, les articles intéressants, les « fan pages », les vidéos drôles, les messages des vieilles connaissances, les nouvelles rencontres et bien entendu les « chats » (messagerie instantanée).

C’est intéressant de constater que malgré le poids du temps et de la distance, le feu du Kongossa ne s’est pas éteint et le Monde est devenu un village planétaire !

NB : Tout Kongossa qui se respecte entraine malentendus, disputes et déceptions. Facebook n’étant pas en reste, c’est à consommer avec sagesse et modération.

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NathyK

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