#08Mars : Message aux Femmes

Article : #08Mars : Message aux Femmes
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8 mars 2013

#08Mars : Message aux Femmes

Voici ce que l’on pense du 8 Mars au Cameroun (selon la page Tourisme et Culture au Cameroun) :

Si le 08 mars suscite à travers le monde entier une prise de conscience générale sur la condition de la femme… Il faut dire qu’au Cameroun, une immense proportion de femmes connaît déjà et notamment les véritables raisons de cette commémoration.

En réalité, la plupart des Camerounais(es) pensent ceci de cette date un peu particulière (confère Les Ways Ndolè) :

Quoi? Vous knowez même le 08 Mars? Hum, faut pas blaguer le day là. Une nga peut te gifler avant de flex le 09 Mars quand l’alcool est bolè, les go tchop le fer ce day! Ne vient pas mal. Le day là même la nga timide se lâche quand on met le son ”même si c’est sale, même si c’est propre, soulevez!”. La fiesta beginn le matin chap chap, une nga boit sa first bierette ce day à 6h, sans même se brosser les dents. Quoi? Tu lui ask de cook? Ne vient même pas mal, tente et tu vas ya la réponse: c’est le 08 mars. Respecte le code man.

Traduction brève pour les étrangers de la Ndolè Land (aka le Cameroun) : le 08 Mars est le jour où les femmes se permettent tout au Cameroun : beuverie, agressivité, fête et même débauche… Beaucoup se plaignent qu’elles ne respectent pas les hommes ce jour et qu’elles sont prêtes à tout sacrifier pour se faire une tenue avec le fameux pagne.

Le dernier post de Salma nous édifie dans ce sens. Bref ça serait essentiellement la Journée du « Soulevez, soulevez ».

Moi aussi, je m’indignais de la façon dont la femme camerounaise célébrait cette Journée Internationale de la Femme. C’est ainsi que j’ai twitté ceci :

Jusqu’à ce que je me retrouve en début de semaine à regarder quelques émissions à la CRTV (chaine nationale télévisée camerounaise, prononcez Ciartivi), à l’Ambassade du Cameroun au Sénégal. Et merveille! J’ai suivi plusieurs interviews de femmes qui pour la plupart dirigent des associations. Elles parlaient de la place de la femme dans la société, de son rôle, ses droits, ses devoirs… Elles annonçaient le planning de la fête selon leurs diverses associations. Les activités marquantes de la journée seraient donc : table-rondes, ateliers, activités socio-culturelles, dons, activités d’investissement humain… bref sensibilisation dans divers domaines (social, santé, etc.). Certaines prévoyaient étendre ces activités sur une semaine entière.

Oui, la journée internationale de la femme est très populaire au Cameroun. Elle prend de l’ampleur au fil des ans, mais pas seulement dans le mauvais sens.

Arrêtons aussi de ne voir que le coté noir des choses ! Vous aussi ! (comme dirait Cynthe) Si beaucoup de Camerounais(es) n’ont pas compris à quoi servait cette journée, ou que nous estimons que beaucoup de nos compatriotes ne la célèbrent pas de manière productive, n’est-ce pas une raison de chercher les voies et moyens pour contribuer à son amélioration ? Non, cette célébration n’est pas inutile ! Célébrons la mieux, c’est tout !

Le blogueur camerounais Ngimbis, dans son post d’il y a 1 an : « Laissez la femme camerounaise tranquille », donnait à la femme plus d’une raison pour célébrer cette journée. Il ira plus loin dans son triste constat, en disant :

Le mythe de la femme-objet est bien réel sous nos latitudes. Elle nourrit les ventres affamés et satisfait les appétits sexuels des bas ventres en manque. Voilà pourquoi on ne s’émeut pas de la voir dormir sur le trottoir. La même femme couchée sur le même trottoir à cause de la vapeur de quelques bières et voilà les hypocrites lancés dans de longs discours sur la dignité et la décence… En 2012, la femme camerounaise, est encore battue, excisée, mutilée, violée, spoliée, sans que cela n’émeuve personne… La journée Internationale de la Femme n’est pas une fête vide à cause de l’absence de réflexion, elle est vide parce qu’il est impossible de vouloir faire en une journée ce qu’on aurait dû faire en un an. Elle est vide parce que la réflexion sur le statut de la femme devrait être une priorité de chaque heure, mais ne l’est pas.

Dans le Bruit du Silence, Aphtal Cisse, s’indigne dans ce billet de la condition de la femme réduite à tout faire devant un homme chômeur professionnel, qui croise les bras, lit le journal, attend que madame le serve, va boire un coup au bar et revient tard dans le foyer pour lui faire une petite culbute avant de ronfler. C’est à se demander s’il a doté une femme, une mère ou une bonne !

Les articles de la blogueuse malgache Ariniaina en disant également long sur la place de la femme dans la Grande Ile. Je vous propose ce poème qui résume la situation.

Plus récemment, le blogueur René Jackson de « From Douala with Love » revient sur l’analyse (sa spécialité) de la situation. Il faut dire qu’il a taclé dans son article « Femmes indignez vous ! » tous les thèmes (la dot surélevée, la violence conjugale, le viol, la loi en défaveur de la femme au Cameroun) sur lesquels je m’apprêtais à discourir et je ne peux que saluer son travail et le citer :

Et lorsqu’elle se plaint, la société lui dira « c’est ton mari non ? Il faut supporter ». Mais c’est oublier que même celles vivant en concubinage sont elles aussi molestées par leur compagnon. La société là encore couvre. Chez nous, l’homme a encore tous les droits. Et c’est déplorable. Le plus malheureux dans tout cela est que les victimes elles-mêmes trouvent ça normal. On a même réussi à leur instiller dans l’esprit que si leur compagnon ne les bat pas, cela signifie qu’ils n’ont pas d’amour pour elles.

Mais le plus regrettable, c’est ce malheureux constat :

Mais ce n’est pas demain la veille qu’elle arrivera chez nous, cette indignation. Autant mieux prêcher dans le désert.

Moi, en tant que femme, voici ce que j’ai à dire :

MESSAGE AUX FEMMES

« Femmes, avant d’être épouses et mères, nous sommes d’abord des Femmes. C’est-à-dire des êtres humains à part entière. Des créatures indépendantes, munies d’un esprit et d’un corps, dotées de plusieurs qualités et potentialités, ayant des droits et des devoirs, ayant une place prépondérante et très grand rôle à jouer dans l’avancement de la société. Nous représentons plus de 50% de la population mondiale.

Si par le passé, nos aïeules et nos mamans ont subit des sévices, fruit de l’injustice et de l’ingratitude, nous ne sommes pas tenues de perpétrer la chaine. Nous ne sommes pas condamnées à rester des sous-Hommes, accepter d’être en permanence reléguées au second plan, utiles à ne servir et obéir.

Nous ne devons pas nous complaire, résignées à contempler notre triste sort, encore moins à faire les sourdes, les muettes et les aveugles face à celles qui ont perdu leur voix et leur dignité dans la souffrance.

Nous avons de la douceur, de la patience, de l’amour mais aussi de l’intelligence, de la résilience et de la persévérance comme atouts. Nous sommes pluridisciplinaires, multi-talentueuses, artistes dans l’âme et athlètes par moment. Ce n’est pas rien ! Nous sommes scientifiques, inventeurs, diplomates, auteures, journalistes, juristes, médecins, ingénieurs et entrepreneurs. C’est plus que remarquable ! Juste pour illustrer que nous sommes plus que capables.

Nous sommes aussi mères et épouses. C’est admirable ! Battons nous pour le droit à l’éducation, à la santé, à un salaire égal… au droit de choisir son époux. Battons nous contre les abus physique et psychologique, le viol, les pratiques de veuvage, la prostitution, etc.

Ne nous battons pas contre les hommes car nous existons d’abord pour nous-mêmes et par nous mêmes. Au delà de la revendication et de la célébration festive, éduquons nous, informons nous, bâtissons, accomplissons.

Travaillons sans relâche au développement socio-économique. Soyons des ambassadrices de la paix. Participons aux changements de mentalités. Défendons les faibles et les opprimés. Contribuons à l’avancement de la civilisation mondiale. Construisons un monde meilleur. Battons nous enfin pour la justice et l’équité, pour le droit à la Voix et à l’Existence. Battons nous pour une femme libre de vivre.

Pour finir, battons nous chaque jour de l’année pour l’amélioration de notre destinée et célébrons cette bataille chaque 08 du mois de Mars.

Signé NathyK, une femme comme vous.»

 

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